incarne et avale

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Cosplay et carnaval

Les enfants ayant grandi avec la télévision avec les séries et les dessins animés en tout genre ont développé une pratique qui leur permet de se rapprocher le plus possible de leur héros :

 

le « cosplay »

(contraction de « costume » et « play »)

 

 

Le cosplay est un loisir de « fans », qui consiste à jouer le rôle de personnages fictifs (de manga, bande dessinée, d’animation japonaise, dessins animés, films, jeux vidéos, comics, etc.) en imitant leurs apparences, par le biais d’artifices (costume, maquillage rajouts capillaire, etc). Créée par les adeptes de Star Trek puis de Star Wars qui se costumaient en personnages pour la sortie des films (aux alentours de 1977) cette pratique c’est ensuite diffusé dans le monde entier (notamment au japon), est principalement présente lors des conventions, le plus souvent de mangas, comics ou de science-fiction, qui propose un regroupement des adeptes, autour de leur série préférée.

 

Ainsi, ils cet instant leur permet de rencontrer les auteurs, acteurs, distributeurs, et surtout les autres fans lors de festivals célébrant les récits qu’ils adorent. Les personnages sortent donc de la page ou de l’écran pour venir s’incarner sur l’adepte.

D’après le sociologue () ce genre de pratique s’explique par le fait que les fans de fictions ont besoin de rendre « tangible » un univers qui n’existe qu’à travers des supports. D’où cet engouement, pour les systèmes de représentation physiques en trois dimensions (comme les figurines, les jouets, le costume, etc.) et le besoin de rassemblement, qui permettent de « saisir » un monde particulier.

Donner chair à une idée pendant un instant, une pratique qui fait échos aux carnavals. Au Moyen- Âge, alors le calendrier se christianise, on récupéra des fêtes païennes, pour les rebaptiser « Carne Levare Levamen », une période où l’on mangeait pour la dernière fois de la cuisine grasse (jusqu’au Mardi gras), avant d’entrer en quarantaine, la « quadragesima », le mot qui a donné « quaresimo » puis « carême », les quarante jours où on mangeait maigre jusqu’à Pâques.

 

 

"Sur cette enluminure de 1318, les fêtards portent des costumes d’animaux ou de démons. Ce faisant, ils nient leur nature humaine. Ils tapent sur des ustensiles de cuisine pour créer un charivari infernal, à l’opposé de la musique céleste. Nudité et crâne rasé, personnage singeant un mendiant: autant d’attitudes et de détails qui symbolisent la folie au Moyen Âge. "

www.24heures.ch

 

Une pratique qui fait échos avec ce que Michel Foucault appelle les « hétérotopies ». À la différence de l’utopie, qui est un idéal, qui ne se trouve nulle part, l’hétérotopie s’incarne à un moment donné pour créer un espace « autre » qui à un moment donné, héberge l’imaginaire. Le corps aussi peut être considéré comme une hétérotopie. Par exemple, les pratiques du maquillage ou du tatouage, font entrer le corps en communication avec des forces, des histoires, des symboles, des forces énigmatiques, qui le place dans un autre espace, renvois dans un autre lieu, un autre monde. Pendant ce moment où le porteur est un point de jonction, qui permet d’épanouir une utopie scellée dans le corps.

 

 

 

Pour moi, les pratiques du carnaval se rapprochent du chamanisme. Le chaman est cet être intermédiaire entre le monde humain et les esprits de la nature. Il permet à travers des rituels de guérir des maladies, de conjurer des sorts, de protéger les habitants et de donner de bonnes récoltes. Il est celui qui connaît les pratiques qui permettent l’harmonie, entre la communauté et son environnement. La pratique du costume est proche du chamanisme. Dans le cosplay, elle permet par au fan d’incarner « l’esprit » du héros. Cet espace virtuel, idéal, prend place. Un instant où, il ne s’agit plus de l’un ou de l’autre, mais les deux. Le personnage surgît, prend volume. L’être entre dans un code. Ses gestes, sa forme, sa fonction sont possédés, par la représentation. Une espèce de carapace temporaire, qui protège et créer un moment d’exploration. Grâce à cet instant, autre chose est advenu, à exister. Cet être qui se projetait dans une fiction l’utilise pour se projeter et se mouvoir dans l’espace. Une forme de refuge, où d’autres potentiels d’existences émergent. Une transe accordée sous une seconde peau. Même si l’ordre revient, la branche de l’expérience aura poussée. L’espace d’un instant, l’utopie à pris place par son corps. Celons le CNRTL (Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales) le mot représentation signifie « Action de rendre quelque chose présent à quelqu’un en montrant, en faisant savoir ». Personnellement, a fonction du costume me permet de « rendre présent » le temps d’un instant, des relations, des perceptions de corps, des mondes possibles, des recherches. En vue de la situation d’intervalle dans laquelle nous sommes, où une bifurcation semble toujours encore possible, nous pouvons nous poser la question de ce que quel type d’être à produit la complexité du monde actuel, la société de consommation, le brassement et la production d’une culture de « masse ». J’ai volontairement choisi des pratiques dites « populaires », qui distinguent un besoin à un moment donné d’incarner un imaginaire. Des codes permissifs qui permettent de dépasser à un moment donné un ensemble de narration préexistante (identité, sexe, âge, classe sociale, ethnie, pays, etc.) pour libérer et expérimenter au-delà, glisser. Une voie d’exploration, qui permet de se plonger dans une pratique différente pour d’explorer l’inconnu (ceux qui se cachent derrière les autres masques ?). Il est beau de ce dire que malgré l’apparence, les gestes sont concrets (les gestes sont ceux qu’on créer). Je pense qu’il est im- portant de réfléchir en se projetant, en fabulant par le corps, car notre situation relationnelle est celle d’un être entier, « psycho- somatique » (ayant une relation étroite entre le corps et l’esprit).

 

 

 

La société dans laquelle nous vivons en tant qu’Européens descendant d’une pratique capitaliste a façonné des perceptions de corps. Si nous décidons de proposer autre chose, nous devons produire d’autres corps imaginaire, d’autres expériences tangibles. Qu’il s’agisse d’un futur ou d’une autre proposition plus élargie de ce qu’est un « corps humain ». Comme une forme de déjà là avec les moyens du bord. Aussi, c’est par l’analyse des pratiques populaire que je trouve une richesse de langages dans la- quelle puiser, pour incarner à mon tour mes propres productions. Notamment pratique du cosplay dit « low-cost », quand les fans se débrouillent avec tout ce qui leur passe sous la main pour ressembler à leurs héros (et proposer une forme inédite et parfois plus intéressante que l’idée de base). Nous pouvons donc puiser dans le foisonnement de ce monde. L’humanité n’est pas qu’un amas d’aliénés qui suivent une société qui s’écroule. Elle est un ensemble de désirs, de recherches de discontinuités.

 


27/05/2018
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